Les chiffres coptes qui tiennent leur origine des caractères de l'alphabet grec sont
représentés dans toutes les grammaires de cette langue. Pourtant leurs formes originelles
propres à l'écriture copte ont subi des changements considérables dans la tradition arabe
manuscrite à tel point qu'ils sont devenus à peine reconnaissables. Leur examen démontre
que parfois ils ont été influencés par les contours des caractères arabes. Dans les collections
de l'Institut des Manuscrits Orientaux de l'Académie des sciences de Russie et de la
Bibliothèque nationale de Russie plusieurs exemples de ces chiffres modifiés sont attestés
dans les copies arabes chrétiennes. Quoique leur grande majorité appartienne au patrimoine
copte, certaines d'entre elles ont été créées dans les milieux orthodoxes.
Il est encore plus intéressant de relever l'usage des chiffres coptes adaptés à la graphie
arabe dans un recueil de documents juridiques et fiscaux rédigés à la fin du règne du sultan
rasoulide al-Muẓaffar (1249-1295) que son éditeur a intitulé Nür al-ma'arif. .. (Lumière de la
connaissance. Règles, lois et coutumes du Yémen sous le règne du sultan rasoulide al-Muẓaffar,
édition et présentation Mul)ammad 'Abd al-Ral)ïm Jâzim. T. Il. Sanaa, 2005,
pp. 212, 225-226). Les rapports très étroits qui existaient entre l'Égypte et le Yémen
gouverné par les Rasoulides ainsi que le rôle important que les Coptes jouaient dans
l'administration civile de leur propre pays à l'époque islamique sont bien connus. Donc
l'emprunt de ces chiffres par les fonctionnaires yéménites aux chancelleries égyptiennes
n'éveille pas de doute.